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Nanolive ouvre l'exploration cellulaire en 3D et en 3 minutes

13.02.2015 09:00, Lara Rossi

Par Anne-Laure Languille, journaliste à BIOTECHFINANCES (article paru le lundi 9 février 2015)

FINANCEMENTS

La start-up Nanolive est à quelques mois du lancement commercial de son microscope innovant, 3D Cell Explorer. Ce dernier permet de visualiser les cellules de l’intérieur en 3D et couleur. L’entreprise, basée à Ecublens, a déjà reçu plus de 45 précommandes provenant des États-Unis, du Canada, de la Corée du Sud, de l’Australie, de l’Europe et du Proche-Orient. Un beau résultat pour cette entreprise créée en 2013 par deux PhD de l’École polytechnique de Lausanne (EPFL), Yann Cotte et Fatih Toy, respectivement CEO et CSO. «C’est un démarrage très positif pour notre trésorerie, puisque chaque précommande est accompagnée du paiement de 50% du prix de l’appareil», nous a confié Yann Cotte.

Pour encourager les préventes, la start-up a proposé une offre promotionnelle d’autant plus intéressante que la commande était passée tôt. Les premiers acheteurs ont ainsi bénéficié d’une réduction comprise entre 20 et 50%. Pour financer la production et la mise sur le marché, la société vient de clore un premier tour de table un premier tour de table de 2,3 M€ auprès de 25 investisseurs de type «family and friends». «Nous avons réalisé cette toute première levée de fonds dans un esprit crowdfunding, à la différence près que nous avons présélectionné la «foule» parmi un fichier de 200 professionnels rencontrés au fur et à mesure de nos voyages, et l’avons sollicitée par email et non via une plateforme Internet», poursuit le CEO.

Le parcours solide de Nanolive s’explique par la qualité de sa science, développée dans le laboratoire de microtechnique de l’EPFL, mais aussi par sa stratégie de communication originale basée sur les outils digitaux et une image de start-up californienne. Des «NanoNight» sont ainsi organisées dans ses locaux, au bord du lac Léman.

Une image 3D par seconde
Accompagné d’un logiciel de traitement des images fixes et animées, le microscope développé par Nanolive comporte des spécificités qui pourraient en faire un outil essentiel dans la recherche de nouveaux médicaments. La technologie de tomographie, qui permet de réaliser une image 3D chaque seconde, le destine même à l’observation en temps réel de certaines cellules vivantes mobiles. «Les innovations apportées par notre microscope ouvrent tout un nouveau champs de la recherche pharmaceutique où il sera possible d’apprendre, d’observer et d’intervenir sur les mécanismes en oeuvre au niveau cellulaire», défend le CEO. Les applications étant multiples, Nanolive compte toucher aussi bien les grands laboratoires que les petites biotech et les universités. Un marché mondial de plusieurs centaines de millions d’euros, mais le plus dur reste d’imposer un produit qui pourrait devenir un gold standard de l’industrie. La start-up compte sur le relais de deux universités prestigieuses qui ont acquis le 3D Cell Explorer: l’EPFL et Harvard.

Très vite, Nanolive va chercher à se refinancer pour développer sa force marketing. Son objectif est de réaliser 200 M€ de chiffre d’affaires en 2020.

19 900 €
C’est le prix du microscope 3D Cell Explorer.

32 ans
C’est la moyenne d’âge de la dizaine d’employés de la start-up suisse.

8 M€
Nanolive se lancera dans un nouveau roadshow dès cet été, pour lever 8 M€ qui lui permettront de booster ses ventes au niveau mondial et pousser la R&D de nouveaux produits.

Parmi les membres du conseil consultatif de Nanolive
Pr Depeursinge, expert scientifique en holographie - Federico Faggin, inventeur du microprocesseur - Marc Grandar, A3 Angels - Pierre-Alain Cotte, entrepreneur hightech - Mathurin Baquie, inventeur des tissus neuronaux in vitro.

Opinion de Manuel Fankhauser, du laboratoire de bioingénierie de l’EPFL
"Nous avons acquis un prototype du 3D Cell Explorer l’an dernier. L’un des premiers atouts de ce microscope est qu’il ne nécessite pas de préparation de l’échantillon: en 2 ou 3 minutes, on peut visualiser l’intérieur des cellules quand il nous faut plusieurs heures pour un microscope électronique classique. Par exemple, nous gagnons du temps au niveau de la coloration, puisque les cellules sont teintées digitalement par «refractive index» avec le 3D Cell Explorer. Nous l’utilisons pour observer la morphologie des cellules, leur comportement en présence d’une molécule ou dans différentes conditions expérimentales, ou encore leurs interactions. Petit, il peut très bien s’insérer dans un laboratoire de biologie. C’est aussi un outil qui n’endommage pas les cellules, du fait de la luminosité douce et diffuse. Enfin, le prix est très compétitif, puisqu’il faut compter 50 k€ pour un microscope classique contre moins de 20 k€ pour le 3D Cell Explorer."